Balade sur
le méridien de ParisÀ la recherche des
médaillons Arago
Les Anciens de l'UPMC,
7 octobre 2010
Pour mémoire : le projet et sa documentation
Carnet de route, photos de Philippe Blanc
texte de Danièle Billot-Kein.
- Rendez-vous à la mire
- Non, ceci n'est pas un médaillon !
- Rassemblement
- Le groupe
- Un médaillon émaillé sur la chaussée, dans le parc Montsouris.
- La méridienne verte croise le GR "Traversée de Paris n° 1"
- Le monument à Arago, place de l'Île de Sein
- Vers l'Observatoire
- L'Observatoire
- Salle Cassini : la rose des vents et le puits de lumière
- Le gnomon de l'Observatoire, dans la salle Cassini, plein sud
- La méridienne de l'Observatoire, sur le sol de la salle Cassini
- Vers Saint-Sulpice
- La méridiennne verte, au début du jardin de l'Observatoire
- Au Luxembourg
- La méridienne à Saint-Sulpice
- Une autre méridienne...
Rendez-vous à la mire
Pour cette deuxième équipée des « Anciens » de l’UPMC, rendez-vous réussi : tout le monde a trouvé la mire,
déplacée de l’Observatoire lors de la création du parc Montsouris et placée... 40 m trop à l’est de la ligne.Non, ceci n'est pas un médaillon !
Aussi, en bons scientifiques, certains cherchent-ils 40 m plus à l’ouest et trouvent ... une concurrente directe de nos médaillons :
une borne de la Méridienne verte [composée d'arbres plantés le long du méridien en l'an 2000]
qui remplace le médaillon n°12 victime de l’offensive municipale lors de la réalisation du tramway et de la restructuration du boulevard.
[autre exemplaire, mieux détaillé, plus loin]D’autres, descriptif de l’itinéraire en mains, cherchent du côté des bancs les tendres murmures annoncés,
Rassemblement
basés sur les confessions amoureuses d’étudiants de la Cité :
hélas en ce joli matin d’octobre les bancs sont dépeuplés et les haut-parleurs muets.
Après reconnaissance ou connaissance des uns avec les autres, tout le monde se rassemble pour la photo
et on passe aux choses sérieuses : la quête des fameux médaillons.Le groupe
L'organisatrice est au premier rang au centre.
En route, cap au nord et ... ratage du premier médaillon annoncé :
trop modeste au milieu du bitume de l’allée, comparé à la borne de la Méridienne verte ou à la mire !Un médaillon émaillé sur la chaussée, dans le parc Montsouris.
L’objet de la recherche bien identifié, les vaillants « Anciens » ne laisseront plus aucun médaillon leur échapper.
On en retrouvera même deux non vus lors de la reconnaissance du parcours faite quelques jours plus tôt.
Il faut dire qu’aujourd’hui le soleil est au rendez-vous, et que les feuilles mortes du parc ont été collectées.La méridienne verte croise le GR "Traversée de Paris n° 1"
Chemin faisant on évoque Lénine qui lors de son exil venait rédiger ses discours dans ce parc.
On retrouve une poubelle qui remplace le médaillon n°15,
mais une borne de la Méridienne verte nous dit que nous ne nous sommes pas égarés.
Après avoir exploré le parc Montsouris, nous filons tout droit jusqu’à la place St-Jacques, puis la place de l’Île de Sein.
L’allée centrale de l’avenue René-Coty ne recélant aucun médaillon permet de joyeux bavardages,
on se remet à jour : les petits enfants sont plus grands, plus nombreux, le bénévolat fait florès, les emplois du temps sont toujours bien remplis,
le bonheur d’avoir partagé des recherches communes - ou sans aucun lien - est au milieu des rires et des échanges de souvenirs.Le monument à Arago, place de l'Île de Sein
Place St-Jacques l’ombre du bon docteur Guillotin et de sa machine nous ramène dans des années houleuses et à Arago.
Arago, homme de science, chercheur concourant à la vulgarisation scientifique moderne avec ses cours publics d’astronomie,
avec la fondation des Annales de chimie et de physique, puis la création des Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences.
Mais aussi homme d’aventures quand capturé par des pirates, il fut prisonnier du Dey d’Alger.
Puis homme fortement impliqué dans la vie publique :
nous nous demandons si cet épisode fut étranger au fait qu’au cours de sa carrière politique
il fut celui qui promulgua le décret abolissant l’esclavage aux Colonies.
Nous évoquons sa triste fin : miné par le diabète et devenu aveugle, il décédera là, en face, dans son appartement de l’Observatoire.
Revenant à ce socle orphelin de sa statue, nous détectons une inscription difficilement lisible qui indique que
le monument en médaillons fut une commande du gouvernement français à Jan Dibbets, ainsi que l’année 1994 quand l’œuvre fut installée.
Nous notons aussi l’unique médaillon posé à la verticale, sur une des faces du socle.Vers l'Observatoire
L’exactitude étant une valeur reconnue de tous, on presse un peu les observations et évocations pour arriver à l’heure en face de la place,
sur le boulevard Arago devant l’Observatoire où nous attend Pierre Encrenaz, futur Ancien.
Passionné par ses recherches en astrophysique, il nous entraîne loin dans les étoiles... et nous fait pénétrer dans l’Observatoire.
L'Observatoire
Les grandes fenêtres de la salle Cassini, située juste sur la ligne du Méridien, le gnomon en témoigne.
Salle Cassini : la rose des vents et le puits de lumière
La rose des vents au plafond de la partie Nord correspond à un anémomètre installé sur la terrasse supérieure
à l'époque où Le Verrier fondait la météorologie à l'Observatoire de Paris.
Le puits zénithal qui traverse le bâtiment et atteint le sol des carrières, mesure au total 55 mètres.
Cassini avait envisagé de se servir de ce puits comme d'une grande lunette verticale
dont l'objectif aurait été fixé au niveau de la terrasse supérieure et l'oculaire sur un support au fond des caves.
Il semble que Cassini n'ait pas fait grand usage de cet appareil peu commode.
C'est aussi dans la partie du puits correspondant à la salle Cassini que Foucault a fait, en 1851,
sa deuxième expérience de pendule avant celle, plus connue, du Panthéon.
C'est aussi en ce lieu que Foucault, suite à une demande de Le Verrier, a effectué, en 1862,
la première mesure en salle de la vitesse de la lumière. [ ref.]
Le gnomon de l'Observatoire, dans la salle Cassini, plein sud
Le méridien de Paris traverse toute la salle du Nord au Sud. Un orifice ménagé au sommet du mur Sud permettait,
d'abord au moyen d'une lame métallique percée d'un trou puis grâce à une lentille, de former l'image du Soleil sur la méridienne. [ref.]
À midi vrai, le soleil culmine au sud et, passant par le gnomon, il se projette sur la méridienne.La méridienne de l'Observatoire, sur le sol de la salle Cassini
C’est là que le monument de Dibbets fut inauguré et arrosé de champagne,
près de la tige de laiton incrustée dans le sol, symbole du cercle longitudinal qui doit s’y trouver, très exactement mesuré.
Le méridien, ailleurs imaginaire, a été ici matérialisé.
Vers Saint-Sulpice
Sortant par la face ouest de l’Observatoire (la porte nord, plus appropriée, n’ayant plus de gardien...)
toujours le nez dirigé vers le sol pour ne négliger aucun de nos médaillons qui jalonnent notre itinéraire...
La méridiennne verte, au début du jardin de l'Observatoire
... nous longeons la Closerie des Lilas et ses célébrités pour arriver devant le square Marco Polo.
On n’y voit plus qu’une borne de la Méridienne verte.
Mais on peut admirer en passant la fontaine des Quatre Parties du Monde construite entre 1867 et 1874.
(Les quatre figures féminines soutenant le globe sont de Carpeaux, elles nous renvoient à la façade de l'Opéra.
Les huit chevaux, les dauphins et les tortues du bassin sont de Frémiet, l'animalier du Muséum.)
Au Luxembourg
De plot en plot nous traversons le Jardin du Luxembourg avec ses 20 plots bien visibles.
Nous sortons de quelques pas de notre ligne du méridien pour voir un mètre étalon qui subsiste au bout de la galerie du Sénat
et nous pensons encore à Arago, géomètre arpenteur mesurant le méridien.
Revenant sur notre ligne par la rue Servandoni, au n° 20 nous avons une pensée pour Olympe de Gouges, femme révolutionnaire,
auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qui finit sur l’échafaud en 1793.La méridienne à Saint-Sulpice
Cette rue nous amène tout droit sur la face latérale de l’Eglise Saint-Sulpice d’où l’on peut voir l’orifice par lequel
la lumière tombe sur le gnomon dont il tant question dans le da Vinci Code.
Il s’agit de ce petit point blanc dans le vitrail supérieur où manque un bout de verre.
En entrant par la porte latérale on tombe directement sur le gnomon, la tige de laiton orientée exactement nord-sud
et qui se prolonge sur l’obélisque côté nord.
Dans la partie supérieure du vitrail se trouvait une lentille. Celle-ci ayant disparu, le système ne fonctionne plus.
C’est là-dessous que se trouvait la trappe que Silas force brutalement avant de violenter la religieuse.
L’idée que le gnomon fait partie de la dénommée ligne rose est une invention.
Ce cadran solaire du début du XVIIIème siècle servait à lire l’heure et surtout à déterminer l’équinoxe,
afin de pouvoir fixer chaque année la date de Pâques.
[Incredibili Labore et Adhibitā Peritiorum Astronomorum Industriā
grâce au labeur incroyable et à l'activité des astronomes les plus compétents]
Les récalcitrant(e)s à l’effet da Vinci Code évoquent les créations musicales d’Olivier Messiaen,
qui fut à son heure organiste de Saint Sulpice,
et contemplent les chaises d’un œil gourmand : la fatigue et la faim se font sentir.Une autre méridienne...
La fin du parcours jusqu’à la Seine est envisagée, avec ou sans Dan Brown, mais la faim l’emporte.
Aussi, cap sur le carrefour de l’Odéon où un repas sympathique et animé de mille souvenirs clôt la randonnée.