Décès de Gilbert Béréziat
Gilbert Béréziat est décédé dans la nuit du 2 au 3 février dans sa soixante-dix-septième année après un combat long et douloureux contre la maladie.
Il avait rejoint la faculté de médecine de Saint-Antoine en 1965 dans le laboratoire du Professeur Polonovski en même temps qu’il poursuivait sa formation médicale dans les différents hôpitaux de Paris et donnait des conférences d’internat demeurées fameuses.
Dans la foulée de 1968, il s’engage avec fougue et enthousiasme dans le syndicalisme universitaire, construit le secteur médecine du SNESup et en devient secrétaire national. Il jouera un rôle reconnu dans la défense individuelle des collègues et la promotion de leurs carrières autant comme porte-parole au CNU qu’en dialoguant avec les ministères de tutelle.
Engagé politiquement, il l’est également au plan humanitaire. Il organise en 1979 la première aide médicale au Cambodge sorti du joug de Pol Pot et fonde un programme de coopération avec des structures hospitalières vietnamiennes, soutenu par le Secours Populaire Français.
Avec la même énergie, il construit son équipe de recherche sur les acides gras polyinsaturés et les phospholipides membranaires qui sera à la base de l’unité de recherche mixte avec le CNRS qu’il créera et dirigera pendant 12 ans. Il prendra en même temps la responsabilité du service de biochimie médicale de l’hôpital Saint-Antoine dont il refondera les activités.
Son engagement dans la vie scientifique, hospitalière et syndicale de l’université le conduit à siéger aux conseils de l’UPMC et à travailler avec l’équipe du Président Jean Claude Legrand avant d’intégrer l’équipe du Président Lemerle.
Il devient président de l’UPMC en 2001. Dans la continuité du travail entrepris par Jean Lemerle, travailleur infatigable, il donne une impulsion remarquable au développement de l’université tant dans le domaine de la recherche avec la structuration en pôles de recherche que de la formation avec le déploiement du LMD à l’échelle de l’université. Il renforce l’organisation de l’université pour la préparer à la nécessaire autonomie qu’il réclame avec vigueur et détermination. Attentifs aux étudiants, il décide d’affecter le nouveau bâtiment de l’Atrium aux premières années et refonde la politique de vie étudiante. Dans le même mouvement, il intensifie la politique internationale de l’université qu’il poursuivra en tant que vice-président de son successeur, Jean Charles Pomerol.
Conscient de l’éclatement du paysage universitaire parisien, il prend l’initiative d’un premier regroupement, Paris Universitas, qui rassemble au départ l’ENS, Dauphine, l’EHESS et Sorbonne Nouvelle. Si cette première n’aboutira pas, c’est bien la restructuration qui est lancée et qui aboutira au projet de Sorbonne Universités, auquel il a étroitement contribué, après sa présidence, auprès du Louis Vogel, premier président du PRES.
Visionnaire, bâtisseur, généreux et profondément humaniste, animé d’une force d’entraînement sans pareil, débordant d’énergie, dévorant la vie sans limite, il a profondément marqué toutes celles et tous ceux qui ont travaillé avec lui et qu’il a côtoyé tant à Saint-Antoine qu’à l’université ou au niveau national et international. C’est une grande figure du monde universitaire qui disparait.
Nos pensées vont à Françoise, son épouse, à Dominique, Olivier et Véronique, ses enfants, ainsi qu’à leur famille qui ont tenu une place si importante dans sa vie.
Jean Chambaz